
« Alassane Ouattara a beaucoup manqué d’élégance à mon égard »…
L’ancien président Ivoirien Laurent Kodou Gbagbo, resté muet depuis son arrestation en mars 2011 et son acquittement en début d’année, a décidé de briser le silence. Il a pris la parole jeudi au micro de TV5 monde.
Dès l’entame de l’Interview il a présenté le contexte. « Après mon acquittement, j’avais voulu rentrer chez moi en Côte d’Ivoire avant de parler. Mais je vois qu’à la veille de l’élection présidentielle, il y a encore des antagonismes. En tant qu’ancien président, en tant qu’ancien prisonnier de la CPI, en tant qu’ancien homme politique connu, si je ne parle pas ce serait irresponsable de ma part » a-t-il déclaré.
Il pense fondamentalement que la première faute et la plus grave qui a engendré la crise pré-électorale actuelle vient du Président Alassane Ouattara qui a violé la Constitution en briguant un troisième mandant alors que cette loi fondamentale en vigueur le limite à deux. « Je pense que notre problème principal en Afrique est d’écrire des textes auxquels nous ne croyons pas » note-t-il avec désarroi.
Il recommande chaudement que les dirigeants se donnent le courage et la capacité de respecter les textes même s’ils ne sont pas d’accord, car c’est le prix à payer pour assoir les socles de la démocratie.
En ce qui le concerne personnellement, il pense vraiment que l’homme fort d’Abidjan a gravement manqué d’élégance à son égard en le laissant trainer dans l’ambassade à Bruxelles à la recherche d’un passeport qui ne lui a d’ailleurs pas été délivré.
« Quand on est éduqué il y’a des choses que l’on fait naturellement » affirme-t-il comme pour souligner d’un trait saillant, la légèreté avec laquelle le Président Ouattara gouverne le pays aujourd’hui, et qui a pour conséquence directe, l’effondrement de tous les acquis démocratiques qui datent de depuis 1990.
Il a surtout déploré la manière « enfantine » avec laquelle le dirigeant ivoirien a multiplié des obstacles et entraves en vue de recaler 40 candidats sur les 44 qui avaient déposé leurs dossiers pour la compétition électorale en perspective.
Néanmoins, en fin politicien, l’homme de Gawoua euphémise sur sa situation personnelle et campe sur l’impératif du dialogue et de la discussion pour résoudre les problèmes qui se posent à son pays. « Il est toujours temps de discuter » soutient-il tout en prenant exemple sur lui-même et sur ce qu’il a fait durant sa gouvernance en ouvrant toujours la porte à la négociation et à la discussion qu’il trouve fondamentales et essentielles dans la gestion des affaires d’un pays.
Naturel mais ferme dans son propos, Laurent Gbagbo avertit vertement que la Côte d’Ivoire va vers « la catastrophe » si rien n’est fait jusqu’à la date du 31 octobre. Il trouve surtout que la CEDEAO et l’Union Africaine doivent mieux faire pour instaurer la pays dans les pays en Afrique.
Dans tous les cas, son intervention a bien eu le mérite de situer l’opinion ivoirienne et internationale sur sa position dans l’opposition, surtout qu’il affirme clairement qu’il comprend bien la colère de celle-ci et la partage entièrement.
Luc ABAKI