
Par Luc ABAKI
Très sérieusement, je pense que c’est un réel effort que chacun de nous doit apprendre à faire : respecter le choix de vie des autres ; apprendre à ne pas nous mêler de ce qui ne nous regarde vraiment pas, vivre selon nos propres choix et convictions sans nous prévaloir d’une suprématie ou d’une préséance sur les autres.
J’imagine qu’un tel souhait venant de moi qui, souvent, canarde nos dirigeants sur leurs choix politiques, va susciter interrogation ! Sûrement aussi que nos leaders vont peut-être se soulager d’une telle affirmation, et espérer qu’enfin, nous allons les laisser tranquille faire ce qu’ils veulent de nos pays et de nous les citoyens.
Non ! Justement, c’est là que se trouve la nuance.
Nous ne pouvons respecter le choix de vie des autres que si ceux-ci n’impactent pas notre devenir collectif, s’ils ne rétrécissent pas notre marge d’action en tant que citoyens aspirant à un espace libre et sain pour nous faire valoir ou s’ils ne compromettent pas le projet du Vivre Ensemble.
Qu’un dirigeant fasse le choix d’un type de femme donné ne me regarde pas, qu’il fasse le pari d’en avoir une dizaine me laisse indifférent. Sa vie strictement privée qui n’a aucun impact direct sur mon devenir et mes aspirations profondes ne m’engage en rien, même si en tant que leader, je reste convaincu qu’il se doit de se comporter en modèle, en tout temps et en tout lieu, en vue d’inspirer son peuple.
En revanche, qu’il prenne le risque de porter entorse aux lois de la République pour quelque raison que ce soit m’engage, sans faute. Qu’il se montre laxiste devant la gabegie, la corruption, la mauvaise gestion des deniers publics ou leurs détournements, le viol des droits d’autrui… est grave et convoque la réaction sans complaisance de tout citoyen conscient de ses droits et devoirs dans une République.
Qu’un citoyen décide d’orienter sa vie personnelle d’une certaine manière, ne doit déranger personne. Mais qu’il proclame publiquement ce choix comme étant le plus lucide et le plus recommandable, nécessite impérativement commentaires et réactions d’autrui, car cette proclamation publique entache la vie commune.
Cette nuance dégagée, je réaffirme l’impératif pour chacun d’entre nous de ne plus perdre du temps à fouiner dans la vie privée des autres et de nous concentrer, toute notre vie durant, sur ce qui nous concerne directement.
La vie est un choix et ce choix de chacun doit être respecté et assumé comme tel.
C’est précisément en restant conforme à nos convictions et à nos choix que nous serons en mesure de marquer la différence et par ricochet, devenons des références pour les autres sans même en être demandeurs.
Ayons l’audace de faire des choix et de les assumer quelles que soient les critiques qui fusent de partout.
Le chemin des héros, semble-t-il, passe par là, par cette audace d’agir, même au milieu des ronces et des tribulations les plus insaisissables.
Alors, nous n’aurons plus jamais le temps de remettre en cause les choix de vie des autres, tant notre propre temps tend à ne plus nous suffire pour nous occuper de nos propres choix !